Jérémy Jacquin – Interview d’un artiste

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Présente toi en quelques mots…

Bonjour, et merci de me solliciter pour cette interview.
Commençons par les bases ; je m’appelle Jérémy Jacquin, je suis né en 1990, j’ai 32 ans, j’habite dans le Vaucluse dans une ville appelée Monteux, à proximité d’Avignon, où se trouve aussi mon atelier.
Je suis artiste plasticien depuis 7 ans, j’ai commencé en faisant de la sculpture sur bois, et depuis environ un an et demi, je me suis mis à peindre, cette nouvelle activité a fait sauter énormément de verrous et j’ai le sentiment de me réaliser comme jamais auparavant. Je vois mon travail comme l’expression immédiate de ressentis que je partage de la manière la plus directe qui soit. J’estime que l’art abstrait est le moteur de l’introspection, et j’essaie de matérialiser ce lien entre la pensée brute, ces idées qui prennent forme avant même que l’esprit ai eu le temps de la décrire et la réalité, une grammaire que je partage avec le public. C’est ce que j’aime dans l’art abstrait, le fait que l’on ne décrive pas ce que l’on voit face à une œuvre, on décrit ce que l’on ressent. Et quand bien même, je n’ai jamais vraiment compté sur la réciprocité de cette vision – pour pouvoir faire ce que je fais – je dois avouer que lorsque j’expose et que cela se produit auprès des gens que je rencontre, cela me touche.

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Pourquoi fais-tu ce métier ? Par quelles voies as-tu dû passer pour y arriver ?

Je le fais parce que c’est une pulsion. Depuis tout petit il m’a fallu griffonner sur des feuilles, des livres de cours, des marges, des coins de table, les brouillons lorsque je passais mon bac, directement sur les cours quand j’étais à la fac. Ça ne s’est pas calmé avec le temps, et très honnêtement, c’est ce qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau il y a quelque années, lorsque je vivais d’emplois alimentaires (restauration rapide, manœuvre et autres job sans qualifications…). J’ai acquis la certitude que nombre de ces emplois étaient dispensables pour l’humanité, qu’ils s’apparentaient à du vol de temps et qu’ils étaient débilitants pour le corps comme pour l’esprit. Je considère que la vie est trop précieuse, trop fragile et trop riche pour qu’on la gaspille à remplir des boîtes de haricots ou à empiler des palettes 8 heures par jour, que l’humain possède trop de potentiel pour qu’on le considère comme un consommable et qu’on l’exploite à piller les ressources de la planète ou faire la guerre.

As-tu des mentors ou des personnes en particulier qui t’ont aidé dans ton cette tâche ?

Je ne viens pas d’une famille d’artistes à proprement parler mais on a toujours aimé l’art, j’ai grandi avec de la pâte à modeler, des légos, des feuilles, des crayons, des instruments de musique, la collection de cassettes de mon père, ses outils de travail pour bricoler, les pains d’argile de ma mère, un grand frère doué pour l’art qui lui aussi a peint des toiles. J’ai des amis artistes, musiciens avec lesquels j’ai grandi et avec qui je partage énormément de passions. Tous ces gens ont eu et ont toujours une influence indéniable. Donc il n’y a pas vraiment de mentors, juste un entourage sain. De l’aide ? Pas nécessairement, juste une émulsion qui tire tout le monde vers le haut.

Où trouves-tu l’inspiration ?

Je suis fasciné par le monde qui m’entoure, par la nature, tant à l’échelle microscopique que macroscopique. En vrac, de la boue qui se craquelle sous l’effet de la sècheresse, des nervures sur une feuille d’arbre, les vues de notre système solaire qui nous parviennent de l’espace, les motifs fascinants que l’on révèle lorsque l’on coupe un chou rouge en deux, le schémas d’un réseau neuronal, les motifs fractaux sur du bismuth. J’aime voir comment certains motifs se répètent à différents niveaux, je m’y perds et m’imagine comment nos prédécesseurs ont cherché à expliquer tout cela, de nombreux symboles ont été partagés par des cultures du monde entier et on retrouve des éléments récurrents dans les différentes cosmogonies. C’est une idée que j’ai toujours en fond.

Quels sont tes projets professionnel ?

Dans l’art il y a une chose que j’aime par-dessus tout, c’est travailler sur du gros format et de l’installation. J’aime à me dire que je suis plus petit que ce que j’ai réussi a créer, qu’une œuvre joue avec l’architecture d’un lieu, la lumière qui le traverse et la manière dont les gens se déplacent autour. Dans les meilleures conditions l’oeuvre dépasse sa condition d’objet et se transforme en expérience cathartique. C’était l’idée lorsque j’ai décidé de m’attaquer à la série Khaos et Anankê, seize toiles formant un carré de quatre mètres sur quatre une fois accrochées. J’ai dans l’idée de ne pas m’arreter là, de faire grossir l’oeuvre jusqu’à saturer des espaces entiers

Les principaux challenges auxquels tu as dû faire face dans ta vie professionnelle ?

La vie d’artiste vous expose à l’insécurité, à la précarité, aux doutes et à l’incompréhension, surtout au début, surtout lorsque l’on ne correspond pas aux codes de la culture dominante. Mais ce sont des choses qui se sont alignées au fil du temps. Je suis conscient que mon discours est très commun et j’ai rencontré énormément d’artistes dans différents domaines ayant dû passer par les mêmes phases. Et je n’en connais aucun qui regrette son choix.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer dans ton métier ?

J’ai du mal avec le terme métier dans ce contexte là. C’est un mot qui a vite fait d’objectifier l’humain et de perpétuer une fable utilitariste, dans son sens commun comme dans son étymologie. J’estime qu’un artiste se doit de vivre son art en dehors de ces codes, sans quoi il finira par se retrouver face au vide. Pour moi, c’est un impératif qui impacte directement la sincérité de sa démarche et sans cette sincérité il me parait impossible d’avoir ce sentiment si précieux d’embrasser la vie et de s’accomplir. Quoi qu’il en soit, si une activité est capable de générer ces ressentis la dernière des choses a faire est de la museler.

Qu’est-ce que tu ne referais plus ?

Je ne me tournerais plus vers des gens incapable de partager ma vision, la simplifient ou la réduisent à un simple hobby, voir dénigrent l’art en général. Ces personnes minimisent l’impact de la création dans l’existence et se contentent d’expériences médiocres, ce sont des misomuses et ils sont la cible de la culture dominante. Loin de moi l’idée de prétendre détenir une quelconque vérité mais il est indéniable que cette vision peut être contaminante sur des moments un peu plus creux et c’est le chemin le plus direct vers la page blanche.

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Tes coordonnées de contact que tu veux partager (téléphone, site web, pages de réseaux sociaux,…)

Site web: https://www.jeremyjacquin.com/
Instagram: @jjcqn.art https://www.instagram.com/jjcqn.art/
Facebook : Jérémy Jacquin – art https://www.facebook.com/jjcqn.art

S’il te restait une journée à vivre, tu ferais quoi?

J’aimerais me dire que je peindrais ma dernière toile et qu’elle serait exceptionnelle, que j’irais m’entourer des gens auxquels je suis le plus attaché et que j’irais passer les plus beaux moments que la vie peut encore m’offrir. Mais honnêtement je pense que ce serait la pire journée de mon existence, et que je ferais tout l’inverse, la simple idée de ne pas connaitre de lendemain me donne des frissons. Je pense que je tournerais en rond et que j’élaborerais des plans fantaisistes pour me catapulter vers l’horizon des éventements d’un trou noir, où le temps et la matière s’étirent et se figent. Les plus gros d’entre eux sont moins enclins a générer une force de marée qui provoque la spaghettification de la matière, un terme que je trouve très drôle malgré tout. Ce serait sans doute une journée de recherche intense afin d’identifier le trou noir optimal.
Très sincèrement, j’espère que ce jour arrivera le plus tard possible.

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